mercredi 22 novembre 2017

Paroles d’Alessandro Jodorowski : La danse de la réalité

La danse de la réalité
"M'étant séparé de mon moi illusoire, j'ai cherché désespérément un sentier et un sens pour la vie. " Cette phrase définit parfaitement le projet biographique d'Alessandro Jodorowsky : restituer l'incroyable aventure et quête que fut sa vie.


"Si vous gardez la douleur de ne pas avoir été aimé, vous ne pouvez pas donner.


 Imaginez qu’une énergie divine vous remplit, elle vous permet de vous guérir, de guérir l’autre, de créer de la beauté. Maintenant, vous pensez que vous êtes aimé : on vous aime ! Et puis vous dites merci pour toutes les circonstances de votre vie qui ont construit l’homme et la femme que vous êtes maintenant. Il n’y a pas de vrai pardon si on ne remercie pas. Alors on lâche sa colère : je te comprends, je te pardonne. Tu m’as fait ce que tes parents t’ont fait et depuis quatre, cinq, six générations et plus : les enfants subissent les erreurs. Si vous gardez la douleur de ne pas avoir été aimé, vous ne pouvez pas donner, vous ne pouvez pas vous réaliser. Ne pas se réaliser pour punir ses parents, ses grands-parents, ses arrières grands-parents jusqu’à l’homme et la femme chassés du Paradis. Pardonnez et régénérer l’arbre tout entier, jusqu’à cet homme et cette femme originels."

Ces paroles, je les avais entendu un soir du Théâtre Mystique d'
Alessandro Jodorowsky. 

Seule la récapitulation vide le linceul et libère le corps spirituel de ces ficelles qui l’obligeraient à tout recommencer. En finir avec le cent fois sur le métier remettez votre ouvrage. Véritablement, faites place nette une bonne fois pour toute : soyez l’arborescence magique d’une fontaine miraculeuse.

mercredi 8 novembre 2017

APPRIVOISER LA MORT : 15° du Scorpion magie et métamorphose


Je me souviens, lorsque j’ai reçu l’initiation des rituels Psychopompes ; j’ai été submergé par le nombre des errants sans demeure. Tous ces oubliés des champs de bataille ; tous ces oubliés dans l’anonymat des tiroirs d’une morgue. Les chamans et d’autres, ouvrent des rituels pour aider les victimes d’une fin brutale. Le plus simple consiste à allumer une bougie, en demandant : Que La Lumière éclaire celui qui s’en va vers son futur. L’abandon d’un corps ressemble à un vêtement qui choit. Mais pour ne plus errer sans demeure, vous devez ignorer la peur et entrer dans le temps du rêve. La peur superpose des images qui vous ligote dans un cauchemar. Pour les millions de pèlerins qui entrent dans l’aventure, la vie offre la chance d’aller, d’aller plus loin, jusqu’à définitivement s’extraire et laisser le corps terminer sa course. La méditation, le silence profond sera une aide précieuse ; et plus encore une récapitulation et le pardon profond. Ne vous encombrez pas de regrets, de rancunes : le futur de votre âme vous offre la liberté d’une nouvelle existence.
Dans toute l’Asie, ils proposent plusieurs cartographies de l’au-delà. Allez les explorer comme le feraient des touristes. Allez respirer les parfums d’autres circonstances, pour assouplir la rigidité des images qui masquent votre futur. Le mourant qui ne reçoit pas une éducation de son vivant ; celui que personne n’accompagnera, ne saura pas où aller, et les portes du Paradis sont bien gardées. Il devient un errant, avec tous les problèmes que cela pose, pour lui-même et ses proches qui l’ont négligé. Et puis, il y a tous ces cadavres sans sépulture qui jonchent les champs de guerre. Tous ces os en errance de souvenirs, et ces rivières de larmes oubliées. Entrez dans le rêve, apprivoisez votre relation avec la Mort. Même si le mourant est familier des régions de l’au-delà, très peu savent agir lorsque le corps s’efface. Le rôle du chaman ou de ceux qui reçurent cette initiation, c’est de guider le mourant pour le conduire face à sa bonne direction. Le chaman soutient l’effort de celui qui s’en va, il l’aide à s’extirper de ses larmes et des regrets qu’il laisse. Le dernier vêtement n’a pas de poche mais le mort l’a oublié : il s’attarde. Peu importe le rêve, il suffit qu’il nous encourage pour aller voir plus loin. Tous, nous traversons la membrane qui contient la Terre. Joska Soos affirmait que très peu de gens savent où aller. Je me souviens de ce rêve où après avoir traversé un mur, je marchais dans un paysage en grisaille. D’autres que je reconnaissais étaient là aussi : comme moi, ils marchaient ; mais prisonniers dans les images de leur rêve, ils dormaient. Dans cet autre rêve, j’étais sur un balcon, devant un paysage de montagnes. Et puis, un objet extraterrestre, une sphère bleue dans un anneau, traversa le paysage ; et je me suis entendue dire : ils dorment tous profondément. Un personnage est arrivé : «que se passe-t’il?» Je me suis entendue répondre ils dorment tous. Alors le personnage avança jusqu’à me toucher, j’ai ressenti que je m’aplatissais contre un mur et je me suis réveillée dans mon lit. Le chaman m’aurait dit : votre heure n’est pas venue : vous n’étiez pas là où vous devez continuer. Il m’avait parlé de ces paysages de montagnes bleues comme celui d’un état intermédiaire où nous faisons halte, avant de partir pour un autre ailleurs. Tous ces gens que j’avais vu dans ce rêve, arrivaient en dormant profondément, et ils disparaissaient en tombant dans le creux des montagnes. Une récapitulation profonde aide considérablement celui qui laisse le corps. La fascination du cercueil dans le cimetière est inutile ; les cendres d’une crémation lâchées au vent facilitent le lâcher prise définitif. La Mort délie le filet qui nous contient ; chacun des éléments qui composent une personnalité se dispersent à grande vitesse, et se regroupent avec d’autres, par affinité. Les chamans disent que de l’autre côté, des fossoyeurs absorbent et dévorent les particules d’énergies sombres, puis les digèrent. L’indestructible sphère de conscience se détache, si rien n’altère sa progression, elle s’éloigne à grande vitesse du cadavre ; l’impeccabilité de l’intention et la distance qu’elle accomplit est proportionnelle à son volume de l’énergie, et sa capacité de détachement. 
Le 15° du Scorpion est à l’image du schéma formé par la tête de sa constellation où l’on aperçoit trois étoiles en éventail. Une métaphore des trois portes que doit franchir l’initié pour réaliser sa destiné. N’imaginez pas que vous n’êtes sur cette Terre que pour en jouir ou tomber dans le puits sans fond d’une souffrance que rien apaise. Vous êtes ici pour choisir la Lumière ou les Ténèbres dans une verticale en forme de spirale. Une élévation ou une dégringolade. Mais à tout instant, vous pouvez choisir d’inverser le regard. Tout dépend de la fascination qui paralyse l’intelligence du coeur au profit de l’avoir et l’accumulation. Avec l’entrée du Soleil en 15° du Scorpion obtenez le regard de l’aigle et le pouvoir du Phénix. Le 15° du Scorpion ouvre une porte magique. Celui qui franchit le seuil doit vouloir renaitre. Une mort symbolique, un renoncement et la renaissance de l’âme. L’âme s’élève, avec cette élévation, une alchimie subtile provoque une combustion. Dans ce feu spirituel apparait le Phénix qui déploie ses ailes et vous continuez d’exister, de vivre aussi sur cette Terre et ailleurs. Seul le corps physique vivant vous retient dans une enveloppe de chair, mais il ne vous oblige pas de le subir. Avec le 15° du Scorpion, l’épreuve de l’eau et l’adaptabilité. L’absolue souplesse de l’eau qui se faufile dans tous les récipients, épouse toutes les formes. Le 15° du Scorpion est face au 15° du Taureau qui impose la patience. L’eau et la terre se mélange, l’eau dissous la rigidité de la terre qui contient le germe du futur, et l’eau le fera éclore.